Jules Siegfried, précurseur des HLM

Jules Siegfried en 1913

Maire du Havre, député et conseiller général de « Seine Inférieure », puis ministre « du commerce, de l’industrie et des colonies », Jules Siegfried eut une longue carrière politique sous la IIIe République.

Une loi de 1oi de 1894 porte son nom et tient une place décisive dans l’histoire du logement social en France.

La Loi Siegfried autorise en effet la Caisse des dépôts et consignations à consentir des prêts à des organismes privés créés en vue de construire des habitations à bon marché. Elle aboutit la création des Sociétés d’Habitations à Bon Marché, ou HBM et futures HLM.

Au 19e siècle, l’habitat populaire des villes est en effet très majoritairement composé de véritables taudis. ils suffit de relire Eugène Sue (les mystères de Paris), Victor Hugo (Les misérables), Balzac (Le père Goriot) ou encore Zola (L’assommoir, Germinal, Le ventre de Paris).

Cette loi est donc une avancée sociale importante. Mais la misère a la vie dure. Quant aux marchands de sommeil, ils dorment toujours sur leurs deux oreilles.

Jules Durand ou la seconde affaire Dreyfus

Dans le port du Havre des années 1910, les ouvriers charbonniers sont les derniers maillons de la chaîne et vivent dans une misère absolue.

Un révolutionnaire idéaliste, Jules Durand, dit « le curé », reprend en main leur syndicat et tente de faire avancer leurs droits dans le cadre d’une lutte qu’il veut pacifiste.

Pour sauver les intérêts de la Compagnie générale transatlantique, les grandes familles de négociants havrais organisent un véritable traquenard qui aboutira à son procès (il est défendu par René Coty, alors jeune avocat) et de quelques uns de ses compagnons de lutte. Et au verdict incroyable de la peine de mort pour le leader.

Face au soulèvement de l’opinion générale, celle-ci sera finalement commuée en sept ans de prison et il sera libéré en 1915. En 1918, la cour de cassation reconnaît l’utilisation de faux témoignages et le déclare innocent.

Mais victime de ce que Jaurès qualifia de « seconde affaire Dreyfus », Jules Durand a depuis des années perdu la raison. Interné dans l’asile psychiatrique de Quatre Mares à Sotteville-lès-Rouen, il y mourra en 1925.

Cette incroyable histoire est le sujet du roman très documenté de Philippe Huet, Les quais de la colère. Philippe Huet, écrivain né au Havre, est également l’auteur de nombreux romans noirs dont La Main morte, Grand prix de littérature policière.

Jules Durand en 1910 et en 1912