Balade dans l’estuaire de la Seine

La Maison de l’estuaire gère depuis 1992 la réserve naturelle de l’estuaire de la Seine.

Une vaste zone humide de près de 9 000 hectares, façonnée par le fleuve et les marées, sur laquelle paissent des troupeaux de vaches et où l’on dénombre plus de 350 espèces d’oiseaux.

De nombreuses balades sont proposées à toutes saisons, vous retrouverez les programme de cet été ici.

Et aussi : d’autres idées de balades au vert, vers la mer, en ville.

Un Castor en week-end au Havre

Ils se sont connus à la fin des années 1920 à la faculté des lettres de l’université de Paris.

Simone de Beauvoir, alias le Castor* et Jean-Paul Sartre formeront un couple d’anthologie, ce qui ne les empêchera pas, à côté de cet amour « nécessaire » de trouver auprès d’autres partenaires des relations « contingentes ». Un couple libéré avant la lettre donc.

Libéré et brillant. Sartre est reçu premier de l’agrégation de philosophie en 1929 ; elle obtient la deuxième place.

Nommée à Marseille, alors qu’il est affecté au Havre (à son grand regret, voir mon article à ce sujet), Simone de Beauvoir décline la proposition de mariage de son amant mais obtient en 1932 un poste à Rouen pour se rapprocher de lui.

Simone de Beauvoir au centre (1933) – Photographie Tourte & Petitin – Document J. Trumel-Mézières

Et les amoureux de se retrouver au Havre le week-end.

Voici un extrait de La force de l’âge, où le Castor décrit ses soirées canailles dans les rues interlopes de l’époque.

« Nous nous retrouvions d’ordinaire au Havre qui nous paraissait plus gai que Rouen. J’aimais les vieux bassins, leurs quais bordés de boîtes à matelots et d’hôtels borgnes, les maisons étroites coiffées de toits d’ardoises qui leur tombaient jusqu’aux yeux […]
La plus jolie rue du quartier, c’était la rue des Galions dont au soir les enseignes multicolores s’allumaient : le Chat noir, la Lanterne rouge, le Moulin rose, l’Étoile violette ; tous les Havrais la connaissaient : entre les bordels gardés par de robustes maquerelles s’ouvrait le restaurant réputé de La Grosse Tonne ; nous allions de temps en temps y manger la sole normande et le soufflé au Calvados […]
Le Havre était un grand port ; des gens venus d’un peu partout s’y mélangeaient ; on y brassait de grosses affaires selon les méthodes modernes ; on y vivait au présent, au lieu de s’incruster dans les ombres du passé. »
(in Simone de Beauvoir, La force de l’âge, 1960)

La rue des Galions, qui fut aussi appelée « rue des débauchés » au 18e siècle comme le rappelle Damien Patard sur son blog Le Havre d’avant, s’est considérablement assagie.

Mais les quelques photos d’époque qui nous sont parvenues nous remettent dans l’ambiance de ce quartier chaud, typique de cités portuaires avant l’ère des porte-conteneurs… « Et ils pissent comme je pleure sur les femmes infidèles… »

* Surnom que lui donna leur ami commun René Maheu en raison de la proximité de « Beauvoir » avec beaver (signifiant castor en anglais) et parce que « les castors vont en bande et ils ont l’esprit constructeur » (in Simone de Beauvoir, Mémoires d’une jeune fille rangée, 1958).

At night

Si « Quai des brumes » a été tourné au Havre (voir mon article à ce sujet), la ville n’est pas pour autant plongée dans le brouillard et possède un charme nocturne que j’apprécie au cours de mes balades nocturnes.

Les lieux emblématiques, églises, Volcan, la catène de containers, les bassins, etc. sont bien mis en valeur par les jeux de lumières.

Paris reste la Ville lumière, mais j’ai retrouvé au Havre le plaisir des nuits magnétiques.

Balade photographique avec l’artiste

La Maison du Patrimoine du Havre présente depuis le 15 octobre le travail de la photographe allemande Ilka Kramer.

Ilka Kramer

Celle-ci s’attache à montrer l’intrusion insolite de la nature dans cette ville très minérale, quitte à reconstituer des scènes au moyen de maquettes, filtres de gélatine et accessoires divers.

Une balade photographique avec Ilka était proposée le 16 octobre, voici quelques clichés réalisés pendant cette journée.

Présentée du 15 octobre 2022 au 29 janvier 2023, l’exposition « L’herbe folle, l’angle droit, l’horizon et la girafe – L’espace du vivant dans Le Havre de Perret » s’inscrit dans le cadre de la programmation Regard sur le patrimoine en béton, proposée par le Pays d’Art et d’Histoire Le Havre Seine Métropole.

Au coin de la rue

Le street artiste américain Mark Jenkins émaille les villes de sculptures hyperréalistes. Il réalise des moulages à partir d’une technique développée avec du ruban adhésif transparent, décrite sur son site tapesculpture.

Il est l’un des artistes invités d’Un été au Havre 2022 dans le cadre de son projet au long cours « Embed bodies ».

Mark Jenkins a disposé des personnages dans les endroits les plus improbables de la ville, suscitant surprise et parfois polémique.

L’une d’entre elle, jugée trop dérangeante, a ainsi été enlevée par la Ville deux jours après son installation. Ce n’est pas celle-ci (photo), même si elle a nécessité l’intervention de pompier pour déloger un curieux monté pour voir la belle endormie de plus près.

Ni cette femme se balançant au-dessus du bassin du Commerce.

Mais un homme suspendu, tête renversée, qui n’a pas survécu aux réactions scandalisées, et qui a été démonté depuis.

Le jardin des merveilles

Si l’existence de ceux de Babylone, l’une des sept merveilles du monde, reste hypothétique, les Jardins suspendus du Havre existent bel et bien.

Aménagés dans un ancien fort, ils offrent une magnifique diversité botanique et diverses vues panoramiques sur la ville, le port, la plage, la mer.

Roseraie, jardin japonais, du désert, potager tropical, ruches, serres, labyrinthe végétal : ses 10 hectares sont un vrai bonheur.

A noter pour les amoureux, le jardin des Robinsons et ses cabanes feuillues et ajourées.

Et pour les enfants, la vision pastorale des moutons qui broutent au bas des contreforts.

On dirait le sud

La jolie place arborée Saint-Vincent-de-Paul située à quelques mètres de la plage, offre une ambiance atypique, presque méditerranéenne. La couleur un peu ocre de l’église néo-romane et les platanes qui la bordent contribuent à cette impression de sud.

La place accueille désormais une sculpture en bronze de l’artiste japonais Izumi Kato, érigée dans le cadre d’Un été au Havre 2022 et destinée à être pérenne.

Le Havre, faubourg de Paris

« Le Havre est devenu le grand faubourg de Paris ». Ainsi débute le chapitre que le journaliste mondain Eugène Chapus consacre à la ville dans son guide plusieurs fois réédité « De Paris au Havre » (1855).

Les premiers touristes en France furent à l’âge d’or du romantisme les jeunes gens de bonne famille et les artistes amateurs de vieilles pierres et d’ambiances maritimes,

Mais c’est l’essor fulgurant du chemin de fer grâce à la locomotive à vapeur qui va, à partir de la seconde partie de 19e siècle, propulser la Normandie au rang de province la plus visitée de France. La ligne est construite de 1843 à 1847. Et de fait, l’office du tourisme du Havre sera l’un des premiers à ouvrir en France (1891).

Danton, quartier en révolution

Le quartier Danton du Havre, situé non loin de la gare de chemin de fer est depuis une dizaine d’années en pleine restructuration urbaine.

La place Danton accueillait depuis le milieu du 19e siècle une maison d’arrêt. Sa cour construite en camembert permettait par un jeu de préaux séparés d’éviter les rassemblements de prisionniers.

Cette prison ne sera détruite qu’au début des années 2010 et c’est sur cet emplacement que le projet d’équipement socio-culturel et sportif présenté par l’agence K.Architectures a vu le jour.

Cet ensemble, le Pôle Simone Veil, espace multifonctionnel de 4 800 m2 allie béton, bois et inox brossé. On s’en doute, il a totalement modifié le visage du quartier.

Street art déco

Le Normandy, cinéma art déco évoqué dans un article précédent, a fait tout récemment l’objet d’une fresque, « Le phœnix », réalisée par l’artiste Dag, né au Havre.

Le phœnix, évoquant bien entendu la réhabilitation du lieu, mais aussi, dans l’imaginaire havrais, les renaissances multiples d’une ville bombardée, puis d’un port en déclin qui s’est fait depuis longtemps très largement distancer par ses voisins néerlandais, belges et allemands.

Cette œuvre éphémère est encore visible en face du cinéma situé 389 rue Aristide Briand.

Pour combien de temps ? Nul ne peut prévoir ce que la pluie, les badauds et les services de nettoyage de la ville lui réservent.

Peu importe à Dag, qui poursuit dans la lignée de Jacques Villeglé, une exploration des vestiges du temps au travers des couches de l’affichage urbain.