Le Musée André Malraux (MuMa) propose cet été une splendide exposition dédiée à Albert Marquet, à l’occasion de l’entrée dans ses collections de l’œuvre « Le Havre, bassin »(1906).
Juin 1906. Marquet, qui vient comme Raoul Dufy d’exposer au premier salon du fauvisme, rejoint son ami au Havre. Ils y peindront notamment les célèbres scènes de liesse de la Fête nationale du 14 juillet.
Cette exposition nous donne également à voir la justesse avec laquelle Marquet a su saisir la lumière normande. Les couleurs froides, où dominent mauves, roses, bleus pâles, sublimant l’ambiance du port.
Le Havre par A. Marquet (1911)Quai Videcoq, archives municipales
Exposition « Marquet en Normandie » jusqu’au 24 septembre 2023
La Nuit blanche s’est posée hier sur l’axe Seine, avec des installations simultanées sur le Pont Neuf à Paris, à Rouen et au Havre (Square Saint-Roch).
Les illuminations mises en musique de l’artiste espagnol Javier Riera constituaient un land art hypnotique : superbe !
Combien de villes en France, en dehors de Paris, peuvent-elles s’enorgueillir de posséder un cinéma Art et Essai offrant exclusivement, à l’image d’une cinémathèque, des films de patrimoine ?
Le Studio est né en 1999, sous l’impulsion du réalisateur Christian Zafiran, qui réalisa l’intégralité de sa filmographie au Havre.
Le Studio propose un espace d’accueil où l’on peut consulter des ouvrages sur le cinéma et une salle chaleureuse de 84 places.
David Lheureux, qui nous accueille chaque jour, s’occupe de la programmation du cinéma, en compagnie de Céline Girout, plus dédiée aux relations avec le jeune public.
Les séances sont généralement orchestrées autour de cycles. David panache ressorties nationales de films numérisés en 4K et les grands classiques.
David Lheureux
Il développe également une très large ouverture à l’international. Ainsi, en janvier 2023, ce sont des films venus de tous horizons qui composent la programmation : la Suède avec Bergman, le Japon avec Yasuzo Masumura, l’Italie avec Francesco Rosi, Hong-Kong avec Wong Kar-Wai, etc.
Un éclectisme qui vaut au Studio un public très large, des maternelles aux séniors, et une fréquentation en augmentation.
Ainsi, le Studio affiche aujourd’hui sa meilleure saison depuis sa création, une tendance à rebours des taux de fréquentation nationale, malheureusement à la baisse. Preuve que le cinéma en salle a encore sa place, aux côtés des plateformes de streaming, surtout quand il puise dans le formidable patrimoine cinématographique mondial.
Si je suis souvent venue au Havre, avant de m’y installer il y a deux ans, c’est avant tout grâce à la formidable programmation du MUMA (Musée André Malraux du Havre), qui m’a souvent menée à ses portes.
Annette Haudiquet, actuelle directrice du MUMA, donnait hier soir à l’invitation de l’Association des amis du musée d’art moderne André Malraux (AMAM), une passionnante conférence sur la manière dont est montée une exposition.
Exposition Le vent, cela qui ne peut être peintAvec la photographe Manuela Marques
Que ce soit l’ancrage dans la ville de peintres comme Raoul Dufy, Eugène Boudin, Georges Braque ou encore Claude Monet , l’architecture d’Auguste Perret, la mer et le port, peints, filmés ou photographiés…Annette Haudiquet a détaillé pour nous les nombreux sujets qui ont inspiré les quelque dizaines d’expositions qu’elle a initiées au MUMA.
Elle est par exemple revenue sur l’acquisition en 2003 du tableau La vague de Gustave Courbet, peintre qui découvrit la mer au Havre en 1841. Cet achat, rendu à l’époque possible par une aide exceptionnelle de l’état et de la Région Normandie, avait entraîné l’installation de deux expositions emblématiques au MUMA.
La vague, Gustave Courbet , huile sur toile (1869)
Elle a également évoqué comment un pylône électrique à arc voltaïque vu dans une toile de Pissaro l’avait menée à monter bien des années après « Nuits électriques » (2020).
Lors de cette conférence émaillée d’anecdotes, nous avons pu suivre la mise en œuvre d’une exposition, étape par étape, depuis le repérage des œuvres souhaitées, en passant par les aléas rencontrés (œuvres intransportables ou non disponibles) jusqu’à leur transport et leur accrochage, tout comme les éléments de communication entourant l’événement, sans oublier l’assurance « clou à clou ».
Annette Haudiquet quitte le MUMA à la fin du mois de janvier pour prendre sa retraite. Merci et bon vent à elle, pour reprendre le thème de la magnifique exposition de l’été dernier !
Retrouvez le podcast d’une émission de France Inter avec Annette Haudiquet (juillet 2022).
Le Muma présente jusqu’au 5 mars l’exposition « Météorologiques » qui sera suivie à compter du 22 avril d’un accrochage dédié au grand peintre Albert Marquet.
Claude Monet est né à Paris, mais sa famille déménage au Havre alors qu’il a 5 ans. C’est ici qu’il exécute ses premiers croquis et caricatures pour lesquelles il rencontre un certain succès.
Sa rencontre avec Eugène Boudin, lui-même havrais, sera déterminante pour sa carrière.
Après différents séjours parisiens, il quitte la France en 1870 pour échapper à la guerre et un enrôlement dans l’armée. La découverte de la peinture de Turner et Whistler sera une autre étape déterminante.
De retour au Havre en 1871 et installé à l’hôtel de l’Amirauté, situé Grand Quai (actuel Quai Southampton), c’est un port moderne qu’il découvre. Depuis sa chambre, située au troisième étage, il peindra trois toiles dont celle qu’il appellera plus tard « Impression, soleil levant » (novembre 1872).
La toile est exposée en 1874. C’est à cette occasion qu’un critique du journal satirique Le Charivari, Louis Leroy, parlera de « L’exposition des Impressionnistes », posant malgré lui les premiers jalons sémantiques du courant pictural le plus célèbre de l’histoire de l’art.
« Impression, soleil levant » de Claude Monet (1840-1926)Grand quai, l’hôtel de l’Amirauté est au centre (vers 1900)
Celle-ci s’attache à montrer l’intrusion insolite de la nature dans cette ville très minérale, quitte à reconstituer des scènes au moyen de maquettes, filtres de gélatine et accessoires divers.
Une balade photographique avec Ilka était proposée le 16 octobre, voici quelques clichés réalisés pendant cette journée.
Présentée du 15 octobre 2022 au 29 janvier 2023, l’exposition « L’herbe folle, l’angle droit, l’horizon et la girafe – L’espace du vivant dans Le Havre de Perret » s’inscrit dans le cadre de la programmation Regard sur le patrimoine en béton, proposée par le Pays d’Art et d’Histoire Le Havre Seine Métropole.
Le Musée d’art moderne André Malraux – MuMa consacre cet été et jusqu’au 2 octobre une somptueuse exposition à la thématique du vent.
170 œuvres – peintures, photographies, vidéo, installations – témoignent de l’inventivité déployée par une centaine d’artistes pour montrer ce qui à priori ne peut être représenté, l’insaisissable mouvement de l’air.
Le parcours orchestré par Annette Haudiquet, directrice du MuMa et commissaire de l’exposition, rassemble dessins à la plume de Victor Hugo, estampes des maîtres japonais, tableaux impressionnistes, photos de Man Ray, Brassaï, Corinne Mercadier, Véronique Ellena, films muets (Buster Keaton, Louis Lumière), etc.
Le street artiste américain Mark Jenkins émaille les villes de sculptures hyperréalistes. Il réalise des moulages à partir d’une technique développée avec du ruban adhésif transparent, décrite sur son site tapesculpture.
Il est l’un des artistes invités d’Un été au Havre 2022 dans le cadre de son projet au long cours« Embed bodies ».
Mark Jenkins a disposé des personnages dans les endroits les plus improbables de la ville, suscitant surprise et parfois polémique.
Skateur sur le Volcan
L’une d’entre elle, jugée trop dérangeante, a ainsi été enlevée par la Ville deux jours après son installation. Ce n’est pas celle-ci (photo), même si elle a nécessité l’intervention de pompier pour déloger un curieux monté pour voir la belle endormie de plus près.
Ni cette femme se balançant au-dessus du bassin du Commerce.
Mais un homme suspendu, tête renversée, qui n’a pas survécu aux réactions scandalisées, et qui a été démonté depuis.
Qui connaît New York a forcément en tête l’emblématique flatiron building, l’un des premiers building érigé à Big Apple (1902).
L’artiste autrichien Erwin Wurm, également créateur de la « Fat house », nous propose ici la Narrow house, dans le cadre d’Un été au Havre 2022.
Cette maison, destinée à rester dans le square Érignac, se présente de prime abord comme une banale maison de banlieue, dont on se demande ce qu’elle peut bien faire là, en plein quartier Perret.
Mais quand on pénètre dans la maisonnette, surprise !
Car oui, elle est étonnamment aplatie, et voilà à quoi ressemble cette Narrow house de côté.
« L’humour et le jeu permettent vraiment de soulever beaucoup de questions, de faire passer beaucoup de choses sans se montrer blessant ou doctrinaire », a écrit l’artiste. CQFD.
La jolie place arborée Saint-Vincent-de-Paul située à quelques mètres de la plage, offre une ambiance atypique, presque méditerranéenne. La couleur un peu ocre de l’église néo-romane et les platanes qui la bordent contribuent à cette impression de sud.
La place accueille désormais une sculpture en bronze de l’artiste japonais Izumi Kato, érigée dans le cadre d’Un été au Havre 2022 et destinée à être pérenne.
Si le roman de Zola situait l’action de la Bête humaine sous le Second Empire, Jean Renoir en fait une adaptation contemporaine, c’est-à-dire en 1938 (soit la même année que le tournage de Quai des Brumes).
Le roman comme le film décrivent avec noirceur les passions humaines et l’emprise d’un déterminisme héréditaire (la violence chez le héros Jacques Lantier victime de l’alcoolisme de ses parents) ; Ils sont aussi la peinture du monde du chemin de fer, se concentrant sur la ligne Paris Saint-Lazare-Le Havre. La SNCF est d’ailleurs créée cette même année 1938 et contribue à la formation de Jean Gabin pour la conduite de la locomotive à vapeur, dite La Lison.
Les extérieurs ont été tournés en partie au Havre et à Bréauté-Beuzeville.
Meurtre de Séverine (Simone Simon) par Lantier (Jean Gabin)
La sculpture monumentale (6,24 m), « Jusqu’au bout du monde », de Fabien Mérelle, représentant l’artiste et sa fille, faisait en 2018 partie des installations que la ville met en place chaque année dans le cadre d’Un été au Havre.
La sculpture temporairement installée à Notre-Dame…
Installée initialement sur une partie reculée du littoral de Sainte-Adresse, appelé le « Bout du monde » et réalisée en résine, elle devait résister aux vents en marées.
Mais pas aux incendiaires qui l’avaient sérieusement dégradée en 2020.
Une seconde version en bronze peint était depuis temporairement installée à l’abri de la cathédrale Notre-Dame.
Elle a rejoint mi-juin la digue Augustin Normand, face à la mer, comme au bout du monde.
« Le Havre est devenu le grand faubourg de Paris ». Ainsi débute le chapitre que le journaliste mondain Eugène Chapus consacre à la ville dans son guide plusieurs fois réédité « De Paris au Havre »(1855).
Les premiers touristes en France furent à l’âge d’or du romantisme les jeunes gens de bonne famille et les artistes amateurs de vieilles pierres et d’ambiances maritimes,
Mais c’est l’essor fulgurant du chemin de fer grâce à la locomotive à vapeur qui va, à partir de la seconde partie de 19e siècle, propulser la Normandie au rang de province la plus visitée de France. La ligne est construite de 1843 à 1847. Et de fait, l’office du tourisme du Havre sera l’un des premiers à ouvrir en France (1891).
Le Normandy, cinéma art déco évoqué dans un article précédent, a fait tout récemment l’objet d’une fresque, « Le phœnix », réalisée par l’artiste Dag, né au Havre.
Le phœnix, évoquant bien entendu la réhabilitation du lieu, mais aussi, dans l’imaginaire havrais, les renaissances multiples d’une ville bombardée, puis d’un port en déclin qui s’est fait depuis longtemps très largement distancer par ses voisins néerlandais, belges et allemands.
Cette œuvre éphémère est encore visible en face du cinéma situé 389 rue Aristide Briand.
Pour combien de temps ? Nul ne peut prévoir ce que la pluie, les badauds et les services de nettoyage de la ville lui réservent.
Peu importe à Dag, qui poursuit dans la lignée de Jacques Villeglé, une exploration des vestiges du temps au travers des couches de l’affichage urbain.
C’est au Havre que s’ouvre en 1961 la première Maison de la culture sous l’impulsion d’André Malraux alors ministre. « Nous avons voulu que les enfants de 15 ans aussi pauvres qu’ils soient puissent être aussi proches de l’art et de la culture que les plus riches de Paris… », dit-il dans son discours inaugural.
D’abord implantée dans musée d’art moderne André Malraux ou MUMA, elle emménagera en 1982 dans le spectaculaire nouvel écrin que l’architecte brésilien Oscar Niemeyer lui dédie.
Inauguration en 1982 par Jack lang
Le contraste est saisissant : aux lignes droites des constructions Perret, Niemeyer oppose deux bâtiments blancs en béton, tout en courbes.
Comme le rappelle Yoland Simon dans « Le roman du Havre », président de la Maison de la culture de 1985 à 1989, les havrais vont affubler l’œuvre de surnoms plus ou moins flatteurs : patte d’éléphant, cité de l’espace, soucoupe volante, cratère de lune, château d’eau, hauts-fourneaux, blockhaus, meringue, petit-suisse, crème renversée, centrale nucléaire,…etc.
Pots de yaourt vaut bien les précédents. Et bien que finalement un autre directeur de la Maison, Alain Milianti, officialisa ceux, plus nobles, de Volcan et Petit Volcan, c’est bien le sobriquet laitier que le havrais goguenard continue d’utiliser. Normandie oblige.